Le génocide des Héréros et des Namas en Namibie : L’hécatombe que l’on a voulu noyer dans le Léthé de l’oubli.

Les blocs effondrés cachent leur vérité
L’ocre, murailles peinturlurées
De petits hommes ont clamé leur passé
Les dessins aux silences contrastés
Nous rappellent rhino, griffades,
Impalas, lions, hypo, leurs pieds.
Leurs maisons dans les fentes,
Trace au gré des sentes
Nomade aux ruses effacées
Le temps de mille ans pour passer.
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Ce poème du terroir riche et foisonnant d’allégories, dédiées à la richesse naturelle de la Namibie, une terre si riche que l’origine de son nom qui tire son essence du Namib, désert que l’on trouve dans ce pays et qui signifie dans la langue khoikhoib « zone ou il n’ya rien » prête à une puissante confusion sémantique, tant le miroir opalin de la Namibie reflète un visage sanguin, synonyme d’un corps fécond et arable.
La richesse naturelle de la Namibie se conjugue aussi avec une myriade d’essences ethniques, qui font de ce pays de l’Afrique australe, une perle qui brille de mille et une couleurs et dont les parfums vont au- delà de l’Atlantique, jusqu’aux rives des Amériques, des parfums qui ne sentent pas toujours la joie….
La joie fut pour d’immémoriaux temps le comburant qui brulait dans les âtres de la Namibie, irradiant de sa chaleur le corps de vastes terres où la culture de la terre avait une sacralité que les agriculteurs de la vie cultivaient avec la passion et l’abnégation de la liberté, avec la sueur émanant des tréfonds d’un substrat à la pureté des essences de la dignité.
Naissance d’une incommensurable douleur.
La colonisation de la terre africaine n’a pas épargné la Namibie et furent les Allemands qui les premiers avaient posé pieds sur la terre des Héréros en 1884 , transformant la terre du brave ( Land of brave ) en colonie où ils jouissaient de la richesse de cette terre à la fois couloir maritime s’ouvrant de par ses larges étendues sur l’océan Pacifique, et sur une profondeur gorgée d’un sous-sol aux innombrables minerais , ce qui n’a pas échappé au colonisateur allemand qui en avait fait une abondante extraction pour son industrie, surtout en ces temps ou la Prusse était engagée dans de lourds conflits militaires en Europe, où elle se préparait a en mener d’autres. Mais le vol des richesses de la Namibie ne suffisait pas aux Allemands, ne ressassait pas leur appétit vorace, ils se sont donnés à des exactions féroces à l’encontre des autochtones, les réduisant ainsi à l’esclavagisme et aux pires atteintes à la dignité humaine, comme le fut d’ailleurs tous les colonisateurs de la terre africaine. Et les génocides qu’a connus l’Arica, désignant au départ l’Afrique du Nord, où vivaient les peuples autochtones qui croyaient en la déesse berbère Ifri, portaient la même empreinte de la sauvagerie, se déroulaient selon le même modus operandi, l’extermination ou la réduction des populations aux plus vils des esclavagismes
Dans ce poème écrit par le poète camerounais Ngoumou Laurent Francis, pleurs d’Afrique, on peut lire toute la douleur d’un continent meurtri jusqu’aux moindres recoins de son corps
O feu meurtrier
À la guerre qui détruit
À la haine qui nous tient
À la misère qui empire
Où vais-je donc ?
Le massacre des Héréros et des Namas, le premier génocide du vingtième siècle.
Le massacre des Héréros et des Namas perpétré sous les ordres du général Lothar Von Trotha, à partir de 1904 , est considéré comme le premier génocide du vingtième siècle ayant entrainé la mort de quatre-vingts pour cent des autochtones, plus de cent mille morts selon des historiens. Mais les chiffres sont constamment réévalués par des chercheurs qui n’ont pas hésité à le classer comme génocide et grand crime contre l’humanité. Dans une lettre brossant en de sinistres traits la volonté allemande d’exterminer les autochtones de Namibie, que le général allemand Von Trotha a envoyée au peuple Héréro, on peut palper toute la sinistre volonté de commettre un génocide « Les Héréros ne sont pas dorénavant plus sujets allemands(…) Tous les Héréros doivent partir ou mourir. S’ils n’acceptent pas, ils y seront contraints par les armes. Tout Héréro aperçu à l’intérieur des frontières (namibiennes) avec ou sans arme sera exécuté.
Femmes et enfants seront reconduits d’ici ou seront fusillés (…) Nous ne ferons pas de prisonniers mâles ; ils seront fusillés.
Telle est ma décision prise pour le peuple Hereros.
Signé : Le Lieutenant- général Lothar Von Trotha.
Anouar Malek et le Fils du Shéol.
Le romancier algérien, Anouar Benmalek, dans son roman Le Fils du Shéol, a consacré des pans entiers à parler du génocide Héréro, et cela, en tissant un lien historique avec un fil romancé menant aux motifs communs des deux génocides perpétrés par le même génocidaire : l’holocauste et le massacre des Héréros. Dans sa rétrospective historique, avec comme protagonistes des personnages fictifs, le romancier raconte le témoignage et la douleur d’un juif allemand ayant participé au génocide Héréro et qui se retrouvera lui-même deux décennies plus tard victime de la même logique criminelle.
Une reconnaissance mitigée du génocide Héréro.
En août 2004, année du centenaire du massacre, l’Allemagne a demandé pardon et présenté ses excuses pour les “atrocités” qui “seraient appelées aujourd’hui génocide” selon les termes de la ministre allemande du Développement, Heidemarie Wieczorek-Zeul, lors d’une commémoration.
L’Allemagne et la Namibie ont entamé en 2016 des négociations censées aboutir à une déclaration commune sur ces crimes. Dans ce cadre, Berlin prévoit des excuses officielles, qui tardent à se concrétiser, car les négociations ne sont pas finies.
Berlin considère ne pas devoir payer de dédommagements aux descendants des victimes, arguant de l’aide “généreuse” au développement versée à la Namibie depuis son indépendance de l’Afrique du Sud en 1990.
Des représentants d’Herero et de Nama estiment que la restitution d’ossements est une occasion pour que l’Allemagne présente enfin des excuses officielles.
Faute d’être associés aux négociations entre les deux pays, les deux tribus ont déposé une plainte pour génocide contre l’Allemagne devant un tribunal de New York, afin de réclamer réparation. Berlin a tenté fin juillet ( quelle année) de faire annuler cette procédure, une requête sur laquelle la juge n’a pas encore statué.
Arezki- Hatem.
Le processus constituant comme alternative à l’impasse multidimensionnelle